J’ai beaucoup aimé le match Super Bowl - et pas parce que mon équipe favorite, les Steelers, ont gagné. Plutôt parce qu’on a eu droit à un match à peu près impossible à transformer en récit mythique peuplé de héros aux nerfs d’acier infaillibles et de mauviettes méritant de perdre. Parce qu’ils ont l’esprit pollué par le cinéma, les journalistes ont la manie de transformer les joutes sportives en contes moraux hollywoodiens. Je ne vois pas comment ils vont réussir ça avec ce match-là.
Les Steelers ont gagné, mais ils n’ont pas été parfaits. Leur meneur, le quart Ben Roethlisberger, a réussi de gros jeux mais a aussi commis quelques erreurs monumentales. Il a même joué de chance quand les arbitres lui ont accordé un touché sur un jeu serré sur lequel il planera un doute éternel. Ni lui ni aucun de ses coéquipiers n’a réussi LE GROS JEU scellant l’issue de la rencontre. On a plutôt eu droit à un match complexe impossible à réduire à un seul «grand moment».
En vérité, tous les matchs sportifs sont comme ça parce qu’ils ne sont pas écrits par des scénaristes. Ils sont chaotiques, hasardeux et souvent injustes... comme la vie. Mais on ne l’accepte pas, alors on leur impose une structure narrative qui leur donne un sens.