2.3.10

Cinq règles

Récemment, The Guardian a demandé à plusieurs auteurs de coucher sur papier 10 règles à suivre pour écrire de la meilleure fiction. Lire tout ça m’a surtout donné envie de faire moi aussi l’exercice parce que c’est une belle façon de faire le point sur ce que j’ai appris avec les années. Et j'ai eu la patience d'en trouver cinq...

1. Il ne faut pas attendre d’avoir quelque chose à dire pour commencer à écrire… mais il ne faut pas arrêter d’écrire avant d’avoir dit quelque chose.

Quand j’étais enfant, je jouais avec mes «bonhommes de Star Wars» et j’inventais des histoires. Écrire de la fiction, c’est un peu la même chose. On met des personnages dans une situation et on regarde ce que ça donne. Mais à un moment donné, il faut qu’un déclic se produise et trouve notre «thème» - ou si vous préférez, la réponse qu’on donnerait si quelqu’un nous demandait au sujet de nos personnages et de notre histoire : qu’est-ce que tu veux dire par là? Et la meilleure façon de répondre à cette question c’est d’en poser une autre: qu’est-ce qu’il y a d’universel dans la situation particulière que vivent mes personnages?


2. C’est l’histoire qui compte

Quand j’étais jeune et que je voulais devenir écrivain, je n’avais pas du tout envie de «raconter des histoires»… comme à peu près tous les jeunes qui veulent devenir écrivain. Une histoire, c’était un carcan, une mécanique artificielle à laquelle il fallait renoncer pour exprimer ses états d’âme et la réalité de la vie. Maintenant, je pense que tout texte de fiction est essentiellement «dramatique» – dans le sens où ce sont les événements vécus par les personnages qui ont le plus de signification. Décider de «ce qui se passe» dans notre histoire, c’est notre plus grande responsabilité et notre la plus grande opportunité d’expression. Et si on y renonce en racontant une histoire où il ne se passe «rien» ou «pas grand chose», ce «rien» ou ce «pas grand chose» est l’élément le plus significatif de notre œuvre.


3. Il faut s’investir dans nos personnages

Quand on écrit de la comédie, on crée souvent des personnages qui incarnent ce dont on veut se moquer. Pensez à David Brent, l’odieux patron de The Office. Mais pour qu’un personnage dans ce genre-là fonctionne, il faut qu’on puisse s’y attacher. Et pour ça, il faut qu’il possède un côté humain. Et la seule façon que j’ai trouvé de faire ça, c’est d’injecter dans un personnage quelque chose qui vient de moi. Quelque chose qui va m’inspirer de la sympathie. Sinon, le personnage n’est qu’un «punching bag» qu’on juge et qu’on ridiculise – et avec qui personne n’a envie de passer du temps.


4. Avant de recommencer, il faut commencer par finir

Chaque fois que j’ai voulu écrire un livre, j’ai toujours succombé à la tentation de recommencer à zéro après un chapitre ou une page ou un paragraphe. En écrivant pour la télé avec des dates de tombée, j’ai échappé à ce syndrome-là et j’ai compris qu’il faut commencer par aller au bout d’un texte chose avant d’essayer de le récrire. Parce que ça nous donne la chance de découvrir des choses qu’on ne peut pas découvri autrement.


5. On ne peut pas écrire et «niaiser» sur Internet en même temps.

Dans le film Brazil, là où le héros travaille, tout le monde passe son temps à regarder des vieux films noir et blanc dès que le patron a le dos tourné. C’est là où on en est avec Internet… sauf que le patron c’est la partie de nous-même qui a envie de faire quelque chose dans la vie.

2 commentaires:

Isabelle a dit...

Merci pour ces 5 règles! Très inspirant!!

Rien a dit...

J'enregistre tout!
Et espère pouvoir le rejouer!

Merci

Pierre