28.12.08

39 ans

Il y a deux jours, j’ai eu 39 ans. Pour moi, c’est l’âge où on commence à être vieux. D’abord parce que 39, c’est pratiquement 40. Et aussi parce que je me rappelle très bien quand c’est mon père a eu 39 ans que je me suis dit pour la première fois: «wow, il est rendu vieux.»

C’était en 1979 et j’avais neuf ans. Je suis pas mal sûr que mon père jouait encore à la balle, mais qu’on sentait que sa «carrière» achevait quand il courait sur les buts. En tout cas, j’ai un souvenir distinct d’avoir pensé ça en la regardant jouer. Mais je ne peux pas vous assurer que c’était bel et bien cette année-là.

Moi aussi je joue encore à la balle-molle. Je fais encore des jeux spectaculaires au troisième but parce que je réagis encore très vite et que je suis encore capable de bien lancer la balle agenouillé ou couché par terre. Mais j'ai perdu de la mobilité et je coure les buts comme Babe Ruth à la fin de sa carrière. On verra bien ce que ça va donner l’été prochain.

Ce qui m’inquiète davantage, ce sont les signes de vieillissement psychologique que je constate en moi. Le plus grave, c’est ma misanthropie galopante. J’ai toujours eu du mal à supporter les autres, mais ça commence à prendre des proportions ridicules. Au travail, ça va. Je suis confortable dans ce type de relations-là. Mais en dehors de ça, je me sens très loin de tout le monde.

J’ai aussi perdu toute espèce de patience avec la technologie. On vient d’acheter un téléphone cellulaire. Pensez-vous que l’homme de la maison s’est chargé de le mettre en service? Pas du tout. Juste à l’idée d’essayer d’activer la boîte vocale, je me sentais pris de vertige. La technologie ne m’excite plus. Elle m’agace. Quand on a acheté le cellulaire, on s’est aussi abonné à la télé numérique et il a fallu que je sélectionne les chaînes que je voulais avoir. Il me semble que c’aurait dû m’exciter. Au contraire, j’ai vécu ça comme une terrible corvée.

Par dessus tout, je ressens depuis quelques mois le besoin de me réinventer. Parfois, j’ai envie de partir très longtemps en voyage. D’autres fois, j’ai le goût de m’impliquer dans un parti politique ou de retourner à l’école. Ça aussi, on verra bien ce que ça va donner.

21.12.08

Racines amérindiennes

J’aime autant vous le dire tout de suite: je n’ai pas lu le dernier livre de John Saul, qui s’appelle en français Mon Pays Métis. Mais son idée centrale, telle que je la comprends par l'entremise des médias, me semble extrêmement forte.

Saul affirme que le Canada est un pays métis à la manière du Mexique ou des pays d’Amérique du Sud. Qu’ici comme là-bas, et contrairement à ce qui s’est passé aux États-Unis, il s’est produit un vrai métissage culturel entre les Amérindiens et les colons venus d’Europe. Et que le Canada actuel est le produit de ce métissage.

Bref, selon Saul, on est tous des métis et notre héritage culturel amérindien se manifeste encore aujourd’hui dans nos attitudes et notre vision du monde. À son avis, ça explique une bonne partie de nos réflexes collectifs et de nos penchants politiques. Pourquoi on est plus «solidaires» que les Américains par exemple. Et moins capitalistes. Et plus pacifistes et écologistes. Et si attachés à l’universalité des soins de santé.

C’est cette idée-là que je trouve très forte. Parce qu’elle me semble expliquer un paquet d’autres réalités canadiennes et québécoises.

Prenez le débat des chefs durant la dernière élection fédérale. Ça ressemblait pas mal plus des palabres entre chefs de tribus qu’à une vraie joute oratoire dans la tradition de la démocratie grecque.

Prenez aussi la situation actuelle sur la scène politique canadienne. Ça ressemble pas mal à ce qu’était la situation politique dans le nord de l’Amérique à l’époque de la Nouvelle-France. Un paquet de petites tribus coexistent sur le même territoire dans un jeu complexe d’alliances temporaires et d’escarmouches ne réglant jamais rien. C’est peut-être l’état naturel du Canada.

14.12.08

Ooooh...

Je n’ai jamais été excité par les décorations de Noël. Faire un sapin à l’intérieur, je veux bien. Mais installer des lumières à l’extérieur de la maison? Non merci!

Sauf que…

Maintenant que j’ai un fiston, je comprends un peu mieux la manie des décorations de Noël. Arthur est tout simplement fasciné par les lumières de Noël et les gros machins gonflables que certaines personnes installent sur leur parterre. Chaque fois qu’il voit une maison abondamment décorée, il lâche un « Ooooh… » admiratif. Ce qu’il y a d’important pour lui, c’est la quantité. Plus il y a des lumières, plus il est enthousiaste. Plus c’est gros, plus il est impressionné.

Même en auto, alors qu’il est à peine assez grand pour voir par la fenêtre de sa portière, il s’exclame chaque fois qu’on croise une maison enluminée.

Par contre, Arthur aime moins les Pères Noël. Il en a déjà vu trois et chaque fois il n’a pas apprécié l’expérience. À la première occasion, il est resté silencieux. Les deux autres fois, il a pleuré. Le voici à la fête de Noël de sa garderie.

7.12.08

Bilan électoral

Demain, Jean Charest va passer à l’histoire en devenant le premier premier ministre québécois à aller chercher trois mandats consécutifs depuis Maurice Duplessis.

Il faut le féliciter pour sa stratégie électorale. Après avoir vu Stephen Harper rater son coup en en déclenchant des élections hâtives pour obtenir un gouvernment majoritaire, il aurait très bien pu renoncer à faire la même chose. Mais il a choisi d’aller de l’avant. Et il a gagné son pari.

S’il y a quelque chose que je retiens de la trilogie électorale qu’on vient de vivre, c’est à quel point l’élection provinciale m’a paru paroissiale. Que peut faire le gouvernement du Québec pour sauver notre économie menacée par une crise mondiale ? Encore moins que le gouvernement fédéral qui lui-même ne peut pas faire grand-chose.

Des trois élections, je suis sûr que c’est celle de Barack Obama qui a suscité le plus d’espoir, même ici au Québec. Parce qu’on a l’impression que ce gars-là peut faire la différence.

C’est aussi une question d’enjeux… ou plutôt d’absence d’enjeux. Le gouvernement provincial, c’est surtout l’éducation et la santé. Or, sur ces questions-là, il y a au Québec un consensus très large. En gros, on veut le statu quo… mais amélioré. En santé par exemple, on ne veut pas radicalement changer de système. On veut que nos dirigeants trouvent le moyen de faire marcher celui qu’on a – peu importe le prix que ça coûte.

C’est difficile de faire un débat électoral quand il y a consensus. C’est à ce mur-là que se bute Mario Dumont. Lui, il veut changer radicalement le système de santé. Mais les Québécois ne sont pas suffisamment nombreux à le suivre pour que ça forme un courant politique majeur.

Jean Charest aussi a frappé un mur durant son premier mandat, quand il a voulu procéder à la «réingénierie» du modèle québécois. On dirait qu’il a bien appris sa leçon.

Longtemps, la question nationale a divisé les Québécois. Ça nous a donné une vie politique exceptionnellement riche et des campagnes électorales passionnantes. Cette division-là est en train de s’estomper. Et ça nous laisse avec quoi?

Aux États-Unis, le clivage «gauche-droite» n’a jamais été aussi fort. À Ottawa, trois partis de gauche viennent de s’unir pour essayer d’arracher le pouvoir à la droite. À Québec, par contre, on est loin d’être rendu là.