23.7.10

Mad Men 2.04: Three Sundays

Dans cet épisode, un personnage que j’aime beaucoup fait ses débuts: le jeune curé Gill, qui débarque soudain dans la vie de Peggy Olson.

J’ai réalisé aujourd’hui que Colin Hanks, l’acteur qui joue le curé, est le fils de Tom Hanks. Ça ne rajeunit personne!

Ce personnage-là crève l’écran parce qu’il est déconcertant de vérité. Il repose sur une idée centrale: avant d’être un homme d’église, le curé Gill est un jeune de son temps. Il se comporte comme n’importe quel jeune qui vient de commencer sa carrière et qui veut bien faire. Il est enthousiaste, nerveux, un peu maladroit et s’intéresse davantage à Peggy parce qu’elle est de son âge. Et quand il boit un verre et fume une cigarette à la table des Olson, il a l’air d’un jeune employé de Sterling-Cooper en soutane.

Cet épisode contient une ellipse particulièrement efficace. Après avoir travaillé très fort à préparer une présentation pour séduire American Airlines, Don Draper et sa bande apprennent juste avant de tenter leur coup qu’ils n’ont plus aucune chance de réussir parce que leur contact chez le transporteur aérien vient de se faire montrer la porte. Ils font quand même leur présentation, mais on ne la voit pas. C’est habile parce que ça nous fait vraiment sentir qu’ils ont travaillé pour rien.

14.7.10

Mad Men 2.03: The Benefactor

C’est avec cet épisode que la deuxième saison de Mad Men prend vraiment son envol. Don Draper rencontre sa nouvelle maîtresse, Bobbie Barrett, ce qui le place sur la trajectoire qu’il va suivre durant toute la saison.

Il faut bien le dire: Don Draper est surtout intéressant quand il trompe sa femme. C’est une composante essentielle du personnage. Avec ses maîtresses, il se montre plus humain et plus vulnérable. J’ai déjà écrit que ses campagnes publicitaires étaient une fenêtre sur son âme. Les femmes qu’il choisit comme maîtresses le sont tout autant.

Pourquoi écrire une œuvre dramatique? Il y a juste une bonne réponse à cette question-là: pour exprimer quelque chose qu’on ne peut pas exprimer autrement. Cet épisode fait ça tellement bien que je me sens incapable de paraphraser ce qu’il «dit». C’est clair que l’épisode porte sur le mariage et la vie de couple. Le problème, c’est d’essayer d’être plus précis que ça. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’après avoir vu ça, je trouve la vie de couple plus émouvante. Je suis plus sensible à sa richesse et à sa complexité. Je saisis mieux sa dimension existentielle et poétique.

8.7.10

Mad Men 2.02 : Flight One

Le 1er mars 1962, 95 personnes sont mortes dans l’écrasement d’un Boeing 707 d’American Airlines qui venait de décoller de New-York pour aller à Los Angeles.

Cet épisode de Mad Men se déroule ce jour-là et on finit par découvrir que le père de Pete Campbell était à bord de l’avion. On a apprend que l’accident a eu lieu dans une scène qui m’a fait réalisé quelque chose. Tous les employés de Sterling-Cooper écoutent la radio et son bouleversés par la nouvelle.

En voyant ça, j’ai eu un élan de sympathie pour eux. Ces gens-là n’ont pas la couenne aussi dure que nous. Ils n’ont pas vécu tout ce qu’on a vécu. Ils sont moins endurcis, plus innocents et, j’oserais dire, plus humains que nous. 95 morts dans un accident d’avion, c’était à ce moment-là la pire tragédie aérienne de l’histoire des États-Unis. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on a vu pire depuis.

Je pense que c’est très payant sur le plan dramatique. D’abord parce qu’on est davantage touché par ce qui arrive à ces personnages-là, un peu comme on est plus touché quand un drame arrive à un enfant. Ensuite parce que ça nous ramène à nous-mêmes. Notre époque nous en fait voir de toutes les couleurs et on en prend soudain conscience. On a un élan de sympathie pour nous-mêmes.

2.7.10

Mad Men 2.01: For those you think young

J’ai toujours trouvé cet épisode particulièrement déprimant. Deux ans après qu’on l’ait vu pour la dernière fois, Don Draper ne va pas bien du tout et ça assombrit tout l’épisode. Le poème de Frank O’Hara qu’il récite à la fin résume parfaitement son état d’esprit et c’est mon moment préféré dans l’épisode.

Comme Don Draper dirige une équipe de créateurs publicitaires, ça lui arrive souvent de donner des conseils d’écriture. C’est vraiment le fun parce que ces conseils-là s’appliquent à ce que je fais. Dans cet épisode, il y a quelques lignes que je trouve lumineuses…

«There has to be advertising for people who don’t have a sense of humor.»

«Clients don’t understand that their success is related to standing out, not fitting in.»

«One wants to be the needle in the haystack. Not the haystack.»

«Stop writing for other writers.»

«You feeling something. That’s what sells.»

La première n’a pas vraiment à avoir avec la création, mais je l’adore parce que c’est un cri de révolte contre la sensibilité actuelle. Les deux suivantes disent la même chose: comme créateur, pour avoir du succès, il faut s’efforcer d’être différent plutôt qu’essayer de suivre la mode. La troisième me fait sentir coupable parce que j’ai l’impression d’avoir souvent fait ce que Don dit de ne pas faire. Et la quatrième est la plus importante de toute. Parce qu’elle met le doigt sur ce qu’il y a de plus important dans le travail artistique.