6.2.08

Hier soir...

Je me suis installé devant la télé pour zapper entre les primaires américaines et le match du Canadien. À la place, j'ai regardé Christian Mistral être d'une honnêté désarmante à Cabine C, le show d'entrevue de Christiane Charette. Il a dit deux choses qui sont vraiment venues me chercher.
 
La première était à propos du fils qu'il a eu très jeune. En gros, il a dit que c'était très déchirant de laisser son fils faire comme tous les enfants et regarder Passe-Partout alors qu'on a la conviction que c'est mauvais pour lui. J'aurais aimé savoir ce qu'il a contre Passe-Partout, mais l'animatrice a tout de suite changé de sujet. De toute façon, c'est secondaire. Le dilemme est plus général. Comment élever son enfant? Selon nos convictions personnelles ou selon les conventions sociales pour qu'il soit heureux et socialement adapté? Que se passe-t-il quand les deux sont en complète contradiction? J'ai un fils et la question va finir par se poser pour moi parce qu'il y a bien des aspects du monde d'aujourd'hui que j'ai en horreur.
 
L'autre chose qu'il a dite m'a ramené vingt ans en arrière. Christiane Charette lui a demandé ce qu'il aimerait qu'on retienne de lui. Et il a dit seulement «Vamp». C'est son premier roman qui a fait sensation en 1988. Il a dit qu'il en était fier parce qu'il a influencé bien des gens. Des gens qui ont lu ça et qui ont eu envie de venir bourlinguer à Montréal et devenir écrivain. Ça m'a frappé parce que c'est exactement ce qui m'est arrivé. J'étais au Cégep à Baie-Comeau quand j'ai lu Vamp. Et quand je suis parti pour Montréal étudier à l'université, mon plan était de mener la vie de bohème et d'écrivain décrite dans Vamp. Montréal, c'était le nouvel espace de liberté pareil à «la route» de Jack Kérouac.
 
Aujourd'hui, j'ai une un blonde, un fils, un REER et une maison en banlieue. Mais je trouve que le mot «bohème» s'applique encore à moi. Il décrit bien ma relation avec toutes les formalités de la vie. Je suis incapable de faire un budget, de m'occuper de mes finances personnelles, de payer des factures, de prendre au sérieux l'art de faire son rapport d'impôt pour en payer le moins possible, de me concentrer une minute sur mes assurances ou même d'engager quelqu'un pour s'occuper de tout ça à ma place. J'ai pour toutes ces choses-là un détachement total et sans appel.

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