25.1.11

Mad Men 2.09: Six months leave

Le dernier acte de cet épisode m’hypnotise chaque fois que je le regarde. Don Draper et Roger Sterling font la tournée des grands ducs avec Freddy Rumsfeld, un employé qu’ils ont décidé de larguer parce qu’il boit vraiment trop. Les conversations entre les trois sont un pur délice – surtout celle où Roger finit par faire avouer à Don que sa femme l’a chassé de la maison et où Don finit par dire une phrase qui donne le coup de grâce au mariage de Roger.

Je veux toutefois profiter de cet épisode pour me pencher sur un reproche que des gens font à Mad Men: son côté abrupt. Dans cet épisode, on apprend soudainement que Roger quitte sa femme pour marier la secrétaire de Don, un développement qu’absolument rien présager. Deux épisodes plus tôt, Salvatore Romano avait un gros béguin pour Ken Cosgrove… mais après, plus un mot là-dessus. Au début de la saison, Peggy s’est trouvé une coloc et leur relation semblait pleine de potentiel… sauf qu’on n’a jamais revu la coloc par la suite.

Je pourrais multiplier les exemples dans ce genre-là. Des personnages sont introduits dans un épisodes puis disparaissent aussitôt. Des moments dramatiques intenses sont laissés sans suite. Des idées avec lequel on aurait fait beaucoup de millage dans une autre série sont vite abandonné. Bref, il y a un certain «manque de suivi».

Il y a une première explication simple: cette série-là est vraiment écrite par épisode. Même s’ils inscrivent dans une continuité, les épisodes sont très indépendants les uns des autres. Pour faire une comparaison littéraire, ils s’apparentent à une série de nouvelles au sujet des mêmes personnages qu’à des chapitres de roman.

Mais il me semble qu’il y a aussi une autre explication: pour le meilleur et pas vraiment pour le pire, Mad Men reste intensément «focusé» sur son personnage principal, Don Draper. La seule histoire qu’on suit vraiment, c’est la sienne. Règle générale, on voit ce qui arrive aux autres que dans la mesure où ça joue une rôle dans l’histoire de Don ou qu’il y a à tout le moins un lien thématique entre ce qui leur arrive et ce qui arrive à Don. Les auteurs ne se sentent pas obligés de «donner du temps de glace» à des personnages aussi importants que Pete, Peggy, Roger ou Salvatore, juste pour qu’on ne les perdre pas de vue ou qu’on ait l’impression de ne rien manquer de ce qu’il leur arrive.

L’avantage de cette approche, c’est que la série ne s’éparpille pas et ne tombe jamais dans le piège du mélodrame. Ce qui différencie la littérature d’un soap, c’est que la première raconte des histoires pour aborder des thèmes philosophiques alors que le second raconte des histoires juste pour raconter des histoires – pour divertir sans faire réfléchir. L’approche Mad Men place résolument cette série dans la première catégorie.

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