12.3.10

Mad Men 1.08 : The Hobo Code

C'est dans épisode que Bert Cooper recommande à Don Draper Atlas Shrugged, un roman d’Ayn Rand. Je n’avais jamais entendu parler de cette auteure-là auparavant et j’ai compris pourquoi quand j’ai suivi le conseil du patron de Sterling-Cooper et que j’ai emprunté le bouquin à ma bibliothèque. S’il y a un livre qui ne «pognera» jamais au Québec, c’est assurément celui-là. Je ne pense pas qu’on puisse s’éloigner davantage de la sensibilité québécoise.

Ayn Rand a vécu son enfance en URSS à l’époque de Staline et elle a développé une aversion absolue pour tout ce qui s’appelle communisme, socialisme et collectivisme. Pour elle, ces systèmes-là, c’était de l’exploitation des forts par les faibles – ou du moins des plus brillants et des plus productifs par la foule des imbéciles et des paresseux.

Atlas Shrugged porte essentiellement là-dessus. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est un livre controversé. La haine qu’il inspire à certaines personnes est absolument extraordinaire. On ne pardonne pas à son auteure de faire l’apologie de l’individualisme, du capitalisme, des entrepreneurs, de l’argent et d’à peu près tout ce que la gauche déteste.

Moi j’ai trouvé le livre… excessif mais passionnant. Je ne me suis pas ennuyé une minute en lisant cette brique de 900 pages – sauf peut-être durant l’allocution radio du mystérieux John Galt… qui s’étire sur quelque chose comme 70 pages. Il se passe des tonnes d’affaires dans ce roman-là et le point de vue est tellement original que ça incite à la réflexion.

Ayn Rand ne fait pas dans les nuances. Ses héros sont sans peur et sans reproche et ces vilains sont totalement abjects. Personnellement, je me suis reconnu dans les deux groupes. Dans le courage et la volonté de bien faire de l’héroïne, Dagny Traggat, comme dans la couardise et la volonté d’autodestruction de son frère James.

Pour revenir à Mad Men, c’est assez étonnant à quel point la littérature est présente dans cette série-là. Don Draper ne se fait pas seulement suggérer Atlas Shrugged. On le voit aussi LIRE DES LIVRES, notamment Exodus et Meditation in an Emergency. Ce n’est pas courant pour un héros de la télé.

10.3.10

Mai Tai

Il faut travailler pas mal pour se préparer un Mai Tai qui a de l’allure. Mais ça vaut la peine parce que c’est vraiment un excellent cocktail.

Le problème, c’est la glace pilée sur laquelle il faut servir le Mai Tai. Je fais la mienne en mettant des glaçons dans mon shaker et en les pulvérisant avec mon pilon à cocktail. Mais c’est long et plutôt désagréable.

La recette que j’ai adoptée va comme suit :

Mai Tai

-1 1/2 onze de rhum brun
-3/4 onze de jus de lime frais
-1/2 onze de liqueur d’orange
-1/2 onze de sirop d’orgeat
-1/4 d’onze de sirop de sucre

On met tous les ingrédients dans le shaker puis on frappe avec des glaçons. On sert ensuite dans un verre rempli de glace pilée qu’on décore obligatoirement avec une pousse de menthe et deux pailles. On peut aussi ajouter une cerise au marasquin, un quartier de lime ou un morceau d’annanas.


Le sirop d’orgeat, c’est un sirop à base d’amande que j’ai trouvé sans problème à mon IGA. On sent très bien cet ingrédient dans le cocktail et ça lui donne une personnalité particulière. Sans ça, le Mai Tai ne serait rien d’autre qu’un Margarita au rhum.

Voici un gars qui prépare un Mai Tai dans les règles de l'art...

6.3.10

Mad Men 1.07: Red in the face

C’est dans cet épisode que Pete Campbell raconte à Peggy Olsen son «fantasme de chasse». Ce monologue est un de mes moments préférés de la première saison et vous pouvez le voir ici. Mais pour rendre hommage à ce chef d’œuvre d’écriture, je me suis donné la peine de retranscrire le texte…

PETE
You ever been hunting, Peggy?

PEGGY
No, I don’t think so.

PETE
You either have or you haven’t. I went a couple of times. With my uncle. New Hampshire.

PEGGY
I saw my cousin shoot a rabbit by Coney Island.

PETE
It’s an incredible sensation. You have to be very quiet. Take it down with the first shot or you scare it away. Then sometimes you have to go up and finish it off. Then you tie it to the bumper and go home. But do you know what I’ve always wanted to do? I would pick it up, throw its back legs over my shoulder, and I would drag it through the snow to this little cabin. And there, I’d hang it up between a couple of trees, cut it open, and drain it, dress it. Then I’d take my big hunting knife and I’d cut this loin right out the side. And I’d go into the cabin and there’d be this woman waiting for me. Standing by one of those old stoves with a big black pipe. And I’d hand it to her and she’d put it in a cast iron skillet and then I’d sit at the table. And she’d bring it to me. And I’d wipe my knife on my knee. And then I would eat it. While she watches.

PEGGY
That would be wonderful.

Elizabeth Moss, l’actrice qui joue Peggy, est absolument sensationnelle dans cette scène-là. Elle se gonfle littéralement de désir pendant que Pete raconte son histoire.

Le curieux fantasme de Pete m’a rappelé un souvenir d’enfance. Mes amis et moi, ça nous ait arrivé deux ou trois fois de jouer «à la chasse» avec ma sœur et ses amies. En gros, les filles se faisaient une maison dans la neige et nous on chassait l’orignal et on leur rapportait des blocs de neige en prétendant que c’était des quartiers de viande. Et elles cuisinaient ça.

Ça ne durait jamais longtemps parce que la chicane finissait par pogner. Mais ce n'est pas un hasard si je me rappelle de ça. Ce jeu-là avait quelque chose de spécial. Une tension particulière. Qui a sûrement un peu à voir avec ce que raconte Pete Campbell.

4.3.10

Boulevardier

Je cherchais depuis un bout de temps un cocktail mêlant Whisky et Campari. J’ai fini par en trouver un obscur, le Boulevardier.

Boulevardier

-1 ½ onze de whisky
-3/4 onze de Campari
-3/4 onze de vermouth rouge

On brasse tout ça dans un verre à mélange rempli de glaçons. Puis on sert dans un verre à cocktail qu’on décore avec un «twist» de zeste d’orange.


Selon cet article, le Boulevardier est un un vieux cocktail qu’à peu près plus personne ne fait. Mais moi je le trouve excellent. Le whisky tempère beaucoup mieux le gôut amer du Campari que le gin dans le Negroni. Et ça donne un cocktail proche du Manhattan, mais avec une pointe d’amertume de plus. Définitivement ma façon préférée de savourer le goût du Campari.

3.3.10

Mad Men 1.06: Babylon

Le sixième épisode de Mad Men se termine sur le plus beau montage musical que j’ai vu à la télé. C’est un moment tragique parce qu’il nous fait sentir la distance qu’il y a entre des personnages qui, officiellement, sont pourtant très proches. Don Draper est avec sa maîtresse dans un bar et sa femme Betty s’occupe de sa fille à la maison. Et surtout, Roger Sterling et sa maîtresse, Joan Holloway, font semblant de ne pas se connaître à l’entrée de l’hôtel où ils viennent de faire l’amour.

Ce dernier plan-là est tellement touchant et tellement bien pensé. Je ne pense pas que ce soit par hasard que la rue penche un peu et que Roger soit plus haut que Joan.

Tout cet épisode-là est un petit chef d’œuvre d’écriture. En plus du montage final, il y a plusieurs scènes d’anthologie. Celle où Betty confie à Don qu’elle passe ses journées à attendre qu’il arrive du travail et qu’il lui fasse l’amour. Celle où les femmes du bureau testent des rouges à lèvres pendant que les hommes les observent en secret derrière une fenêtre-miroir. Celle où on découvre que Roger et Joan sont amants.

Tout ça nous rappelle que le travail du scénariste, c’est d’abord d’incarner ses idées dans des situations dramatiques. À ce niveau-là, la scène du test de rouge à lèvre est exemplaire. Les hommes sont d’un côté et les femmes de l’autre. Les hommes observent les femmes sans que celles-ci s’en rendent compte. C’était tellement «ça», les rapports homme-femme au début des années 60. Et ça reste encore pas mal «ça» aujourd’hui.

Mad Men 1.01: Smoke gets in your eyes

J'ai regardé à nouveau le premier épisode de Mad Men l'autre soir et j'ai été frappé par une chose: mon Dieu que c'est raide. C'est rempli de moments conçus pour choquer et de répliques qui frappent comme une tonne de briques. Ça surprend parce qu'au fil de ses trois saisons, la série s'est éloigné de ce ton-là. Elle est devenue plus humaine et plus subtile.

Si le premier épisode est comme ça, je pense aussi que c'était parce qu'il a d'abord été écrit pour être lu. C'est avec cet épisode-là que Matthew Weiner a vendu son idée de série. J'ai lu le scénario et c'est vraiment du bonbon sur papier. À l'écran, par contre, ça paraît un peu surécrit.

Dans son premier épisode de Madmen, l Weiner collectionne les moments qui nous dise une chose: dans cette série-là, le passé n’est pas un monde doux et rassurant qu’on évoque avec nostalgie. Le début des années 60 est plutôt présenté comme un monde étrange et très dur, en particulier pour les femmes qui sont continuellement harcelées ou traitées comme des enfants. Allez voir cette scène, vous allez comprendre.

Cette scène illustre aussi une autre caractéristique de Mad Men: plus que n’importe quelle autre série dramatique que je connais, c’est un show de «scènes» qui sont des moments en soi et qui se regardent très bien toutes seules. Pour cette raison, Mad Men est une série qu’on peut regarder plusieurs fois. On continue d’apprécier les scènes même quand «on connaît l’histoire».

Sur ce plan, Mad Men fonctionne comme une comédie. Une comédie aligne les gags et moments drôles, et cet enchaînement-là est plus important que l’intrigue générale de l’épisode ou de toute la saison. Mad Men aligne plutôt les moments intenses et dramatiques qui sont tenus ensemble par une intrigue minimaliste.

Une autre façon de dire la même chose: on regarde Mad Men pour ce qui est en train de se passer à l'écran et non parce qu'on a hâte de savoir ce qui va se passer après.

2.3.10

Cinq règles

Récemment, The Guardian a demandé à plusieurs auteurs de coucher sur papier 10 règles à suivre pour écrire de la meilleure fiction. Lire tout ça m’a surtout donné envie de faire moi aussi l’exercice parce que c’est une belle façon de faire le point sur ce que j’ai appris avec les années. Et j'ai eu la patience d'en trouver cinq...

1. Il ne faut pas attendre d’avoir quelque chose à dire pour commencer à écrire… mais il ne faut pas arrêter d’écrire avant d’avoir dit quelque chose.

Quand j’étais enfant, je jouais avec mes «bonhommes de Star Wars» et j’inventais des histoires. Écrire de la fiction, c’est un peu la même chose. On met des personnages dans une situation et on regarde ce que ça donne. Mais à un moment donné, il faut qu’un déclic se produise et trouve notre «thème» - ou si vous préférez, la réponse qu’on donnerait si quelqu’un nous demandait au sujet de nos personnages et de notre histoire : qu’est-ce que tu veux dire par là? Et la meilleure façon de répondre à cette question c’est d’en poser une autre: qu’est-ce qu’il y a d’universel dans la situation particulière que vivent mes personnages?


2. C’est l’histoire qui compte

Quand j’étais jeune et que je voulais devenir écrivain, je n’avais pas du tout envie de «raconter des histoires»… comme à peu près tous les jeunes qui veulent devenir écrivain. Une histoire, c’était un carcan, une mécanique artificielle à laquelle il fallait renoncer pour exprimer ses états d’âme et la réalité de la vie. Maintenant, je pense que tout texte de fiction est essentiellement «dramatique» – dans le sens où ce sont les événements vécus par les personnages qui ont le plus de signification. Décider de «ce qui se passe» dans notre histoire, c’est notre plus grande responsabilité et notre la plus grande opportunité d’expression. Et si on y renonce en racontant une histoire où il ne se passe «rien» ou «pas grand chose», ce «rien» ou ce «pas grand chose» est l’élément le plus significatif de notre œuvre.


3. Il faut s’investir dans nos personnages

Quand on écrit de la comédie, on crée souvent des personnages qui incarnent ce dont on veut se moquer. Pensez à David Brent, l’odieux patron de The Office. Mais pour qu’un personnage dans ce genre-là fonctionne, il faut qu’on puisse s’y attacher. Et pour ça, il faut qu’il possède un côté humain. Et la seule façon que j’ai trouvé de faire ça, c’est d’injecter dans un personnage quelque chose qui vient de moi. Quelque chose qui va m’inspirer de la sympathie. Sinon, le personnage n’est qu’un «punching bag» qu’on juge et qu’on ridiculise – et avec qui personne n’a envie de passer du temps.


4. Avant de recommencer, il faut commencer par finir

Chaque fois que j’ai voulu écrire un livre, j’ai toujours succombé à la tentation de recommencer à zéro après un chapitre ou une page ou un paragraphe. En écrivant pour la télé avec des dates de tombée, j’ai échappé à ce syndrome-là et j’ai compris qu’il faut commencer par aller au bout d’un texte chose avant d’essayer de le récrire. Parce que ça nous donne la chance de découvrir des choses qu’on ne peut pas découvri autrement.


5. On ne peut pas écrire et «niaiser» sur Internet en même temps.

Dans le film Brazil, là où le héros travaille, tout le monde passe son temps à regarder des vieux films noir et blanc dès que le patron a le dos tourné. C’est là où on en est avec Internet… sauf que le patron c’est la partie de nous-même qui a envie de faire quelque chose dans la vie.

26.2.10

Moscow Mule

Quand je rentre à la maison après avoir fait du ski de fond, j’ai soif. Alors j’ai envie d’un «long drink», un cocktail allongé avec du jus ou une boisson gazeuse qu’on peut boire à grande gorgée et qui est rafraîchissant.

Dans ce genre-là, j’aime bien le Moscow Mule. C’est un cocktail qu’on prépare directement dans un grand verre. On commence par remplir le verre de glaçons. On ajoute une dose de vodka (1 ½ once ou 45 ml), une demi dose de jus de lime fraîchement pressée, puis on complète avec du soda au gingembre. Ou on peut y aller à l'oeil comme ce gars-là...



J’ai acheté la bouteille de Stolichnaya qu’il y a sur ma photo sans savoir que cette vodka russe avait fait une apparition dans Mad Men. Dans le premier épisode de la troisième saison de Mad Men, Roger Sterling rentre de voyage de noce avec deux cadeaux pour Don Draper: une boîte de cigares cubains et une bouteille de Stolichnaya – une vodka qui devait être difficile à trouver en Amérique du Nord dans les années 60.

Quelques secondes plus tard, Pete Campbell les rejoint et Roger Sterling l’invite à se servir un verre avec cette phrase assassine: «Help yourself… Not the Stoli.»

La prochaine fois que je vais boire un Moscow Mule, je vais avoir une pensèe pour le pauvre Pete.

24.2.10

Negroni

J’ai acheté ma première bouteille de Campari par erreur. Je croyais que c’était ça le bitter qu’il me fallait pour me faire des Old Fashioned à la Don Draper. Mais j’étais dans le champ.

Dans Mad Men, Salvatore Romano commande un Campari quand il prend un verre avec un client qui finit par lui faire des avances. Il faut vraiment aimer cette boisson-là pour la prendre nature parce que c’est très amer. Ma blonde trouve ça carrément imbuvable. Mais moi j’aime bien dans un Negroni sur glace comme celui-ci.


Negroni

- 1 1/2 onze de gin
-1 1/2 onze de Campari
- 1 1/2 onze de vermouth rouge

On remplit un verre de glace puis on ajoute tous les ingrédients. On brasse ensuite pour bien mélanger.


Ça donne un cocktail dominé par le goût du Campari et donc passablement amer. Comme apéritif, je trouve ça excellent.

On peut aussi servir le Negroni «straight up», dans un verre à cocktail, comme le fait ce gars-là…

11.2.10

Daiquiri

Le daiquiri est un cocktail comme je les aime: simple et efficace. La recette est facile à retenir..

Daiquiri

-1 1/2 onze de rhum blanc
-3/4 onze de jus de lime
-Une cuillérée de sucre


On met le sucre et le jus de lime dans son shaker, on agite avec une cuillère pour dissoudre le sucre, puis on ajoute l’alcool et on frappe avec des glaçons. Et on sert ensuite dans un verre à cocktail rafraîchi au préalable. Genre comme ça…



Ça donne un cocktail exotique aussi élégant qu’un Martini ou un Manhattan. Et aussi agréable à boire. On sent bien le goût du rhum et le contraste entre le sucre et l’acidité de la lime.

Ce que j’aime dans l’art du cocktail, c’est que ça me permet de m’améliorer au niveau de l’habileté manuelle et du souci du détail. Et Dieu sait que j’ai besoin de m’améliorer là-dedans.

Prendre le temps de bien se préparer un verre, je trouve que ça détend. Et ça détend aussi de le boire…