22.2.11

Navy Grog

Si le Mai Tai est le roi incontesté des cocktails tikis, on peut dire que le Navy Grog est son fidèle second.

Le Navy Grog est moins célèbre que son grand frère le Zombie, mais à mon avis c’est un bien meilleur cocktail. Les deux ont été inventé par Donn Beach, l’un des deux restaurateurs qui a lancé la mode tiki, alors on peut vraiment dire qu’ils sont frères. Alors que le Zombie mélange rhum et jus d’ananas, le Navy Grog exploite plutôt le jus de pamplemousse.

Navy Grog

-1 oz de rhum blanc
-1 oz de rhum brun
-1 oz de rhum Demerara
-3/4 oz de jus de lime
-3/4 oz de jus de pamplemousse
-3/4 oz de miel
-1 oz de Club Soda

On mets les trois doses de rhum et le miel dans son shaker et on brasse à la cuillère jusqu’à ce que le miel soit bien dissout. On ajoute ensuite les autres ingrédients (même le club soda) et on agite avec de la glace. On verse ensuite dans un verre rempli de glace pilée.


Le miel est un ingrédient capricieux. Si on n’assure pas qu’il est bien dissout, il s’agglomère et on en retrouve un grosse boule au fond de son shaker. Ça doit être pour ça que la vrai façon de préparer ce cocktail est d’utiliser un mélangeur électrique. Mais je suis content du résultat que j’obtiens avec mon shaker.

Le Demerara est un rhum produit en Guyane qui possède une saveur très riche et qu’on trouve à la SAQ. Personnellement, c’est mon rhum préféré et le Navy Grog le mets bien en valeur. Les goûts du rhum, du miel et du jus de pamplemousse se complètent à merveille. Ça donne un cocktail pimpant et réconfortant qu’on pourrait presque prendre pour déjeuner – s’il ne contenait pas une dose massive d’alcool.

18.2.11

Aloha Saint-Jérôme!

Depuis quelques semaines, je fais un trip «tiki». Tiki comme dans Jardin Tiki, le restaurant kitch de Montréal où je suis allé une fois, «pour rire», il y a très longtemps.

Avec sa décoration tropicale extravagante, ses statues polynésiennes, ses tiges de bambous ses chaises en rotin, son buffet chinois douteux et ses cocktails exotiques, le Jardin Tiki est une relique d’une mode qui a connu une extraordinaire popularité en Amérique du Nord dans les années 40, 50, 60 et 70. Des restos et des bars tiki, il y en avait partout.

Pourquoi ça m’intéresse? Le déclic s’est produit quand j’ai découvert que toute la patente a été inventé de toutes pièces par deux restaurateurs californiens, Victor «Trader Vic» Vic Bergeron et Donn Beach, et qu’il n’y a sans doute rien de moins «authentique» au monde. Ces deux gars-là ont ramassé des statues polynésiennes, ajouté de l’hawaïen, décidé de servir du chinois américanisé parce que c’était juste assez exotique et inventé des cocktails à base de rhum même si cet alcool vient des Antilles et non pas des mers du sud.

Ç’a donné l’esthétique tiki. Que quelqu’un d’autre a magnifiquement décrit en disant que c’était du «folklore de nul part en particulier».

Ce qui me plaît là-dedans? Que tout ça soit une création, presque une œuvre de fiction. Que des modernes aient ramassé du folklore et l’aient transformé au lieu de le traiter avec le respect absolu avec lequel on traite ces affaires-là de nos jours.

Le Jardin Tiki est notre plus célèbre monument tiki, mais ce n’est pas le seul. J’en ai visité un autre samedi dernier: le restaurant Aloha à Saint-Jérôme.


Après une journée à faire du ski de fond, entrer dans un resto tout en rotin à l’intérieur, sauf pour un mur en pierre, et où brillent toute une armada de lampes exotiques produit son effet. Je me suis tout de suite senti transporté loin de la neige et du froid.

Comparée à celle du Jardin Tiki, la décoration de l’Aloha est plutôt sobre. J’ai été déçu de ne pas y voir une seule statue tiki. Par contre, on y mange un peu mieux qu’au Jardin Tiki. Entendons-nous: on n’a pas affaire à grand restaurant gastronomique. Mais au moins c’est un vrai restaurant avec un menu à la carte, plutôt qu’un buffet. C’est de la cuisine exotique que je qualifierais de «cabane à sucre» - c’est-à-dire sucré et très familière.

Le plat le plus excitant sur le menu est une assiette d’entrées qu’on réchauffe sur un petit grill Hibachi. Les entrées sont chinoises (egg-roll, ailes de poulet, spare-ribs…) et le grill est japonais, mais c’est un classique de la «cuisine polynésienne».

Ce que le mouvement tiki nous a donné de mieux, ce sont des cocktails. Inventé par Trader Vic, le Mai-Tai est devenu un grand classique. Le Zombie, une création de Donn Beach, est une célébrité mondiale. Et il y a une foule d’autres cocktails tikis aux noms évocateurs: Scorpion Bowl, Navy Grog, Doctor Fong, Suffering Bastard, Painkiller…

Malheureusement, le restaurant Aloha n’est le meilleur endroit pour expérimenter toutes ces boissons. Les deux cocktails que j’y ai pris étaient ordinaires. Mais je suis repris une fois chez moi en me préparant moi-même un vrai bon Mai Tai…

13.2.11

Métamorphose

Aujourd'hui, je suis allé à une fête hivernale avec mon fiston et je suis revenu avec Spiderman.

10.2.11

Goldorak Go!

Fiston de 3 ans + Goldorak sur youtube + Lego = Papa qui fabrique en Lego un Goldorak un peu trop gros pour que fiston puisse vraiment jouer avec.

Chose certaine, l'invincible robot des temps nouveaux produit encore son effet. Fiston ne pense plus qu'à lui depuis trois jours.

25.1.11

Mad Men 2.09: Six months leave

Le dernier acte de cet épisode m’hypnotise chaque fois que je le regarde. Don Draper et Roger Sterling font la tournée des grands ducs avec Freddy Rumsfeld, un employé qu’ils ont décidé de larguer parce qu’il boit vraiment trop. Les conversations entre les trois sont un pur délice – surtout celle où Roger finit par faire avouer à Don que sa femme l’a chassé de la maison et où Don finit par dire une phrase qui donne le coup de grâce au mariage de Roger.

Je veux toutefois profiter de cet épisode pour me pencher sur un reproche que des gens font à Mad Men: son côté abrupt. Dans cet épisode, on apprend soudainement que Roger quitte sa femme pour marier la secrétaire de Don, un développement qu’absolument rien présager. Deux épisodes plus tôt, Salvatore Romano avait un gros béguin pour Ken Cosgrove… mais après, plus un mot là-dessus. Au début de la saison, Peggy s’est trouvé une coloc et leur relation semblait pleine de potentiel… sauf qu’on n’a jamais revu la coloc par la suite.

Je pourrais multiplier les exemples dans ce genre-là. Des personnages sont introduits dans un épisodes puis disparaissent aussitôt. Des moments dramatiques intenses sont laissés sans suite. Des idées avec lequel on aurait fait beaucoup de millage dans une autre série sont vite abandonné. Bref, il y a un certain «manque de suivi».

Il y a une première explication simple: cette série-là est vraiment écrite par épisode. Même s’ils inscrivent dans une continuité, les épisodes sont très indépendants les uns des autres. Pour faire une comparaison littéraire, ils s’apparentent à une série de nouvelles au sujet des mêmes personnages qu’à des chapitres de roman.

Mais il me semble qu’il y a aussi une autre explication: pour le meilleur et pas vraiment pour le pire, Mad Men reste intensément «focusé» sur son personnage principal, Don Draper. La seule histoire qu’on suit vraiment, c’est la sienne. Règle générale, on voit ce qui arrive aux autres que dans la mesure où ça joue une rôle dans l’histoire de Don ou qu’il y a à tout le moins un lien thématique entre ce qui leur arrive et ce qui arrive à Don. Les auteurs ne se sentent pas obligés de «donner du temps de glace» à des personnages aussi importants que Pete, Peggy, Roger ou Salvatore, juste pour qu’on ne les perdre pas de vue ou qu’on ait l’impression de ne rien manquer de ce qu’il leur arrive.

L’avantage de cette approche, c’est que la série ne s’éparpille pas et ne tombe jamais dans le piège du mélodrame. Ce qui différencie la littérature d’un soap, c’est que la première raconte des histoires pour aborder des thèmes philosophiques alors que le second raconte des histoires juste pour raconter des histoires – pour divertir sans faire réfléchir. L’approche Mad Men place résolument cette série dans la première catégorie.

12.1.11

Mad Men 2.08: A night to remember

Cet épisode de Mad Men se termine par une extraordinaire séquence musicale qui m’amène au bord de larmes chaque fois que je la regarde. Sa journée de travail terminé, le curé Gill retire sa soutane, puis sort sa guitare pour chanter une chanson de Peter, Paul and Mary : Well early in the morning. On voit ensuite Don Draper s’ouvrir une bière, tout seul dans le bureau de Sterling-Cooper, parce que sa femme ne veut plus le voir à la maison. Et on a pitié de lui même si on sait qu’il a (encore) trompé sa femme et qu’il est l’architecte de son propre malheur.

La séquence est émouvante parce que la chanson s’accorde parfaitement avec l’état émotif de plusieurs personnages. «S’accorder» me semble le bon verbe parce que la chanson ne fait pas qu’exprimer ce qui a été dit par l’action dramatique. Elle ajoute une nuance émotive de plus.

Don et Betty sont au bord de la séparation. Peggy vient de se faire rappeler par le curé Gill qu’elle n’a pas encore vraiment «dealer» avec le drame de sa vie. Joan vient de vivre une horrible désillusion professionnelle. Le curé Gill vient d’échouer avec Peggy qu’il voulait aider à sa manière pastorale. Bref, le désarroi règne. Mais la chanson transforme ce désarroi en un espèce de cri désespéré d’espérance: «Let me find a way to the promise land…»

Bref, la chanson joue un rôle dramatique parce qu'elle raconte quelque chose de nouveau.

Je vis aussi un intense moment d’émotion quand l’interprétation de la chanson curé Gill est remplacée par la chanson originale de Peter, Paul and Mary que je n’avais jamais entendu avant. Et je suis ému parce que je me dis : comme c’est beau, le talent. Parce que l’interprétation de Peter, Paul and Mary est tout simplement phénoménale. Il s’en dégage une impression de compétence et de maîtrise qui vient vraiment chercher. C’est l’extraordinaire spectacle du génie humain.

8.1.11

Mojito

Je me suis fait ce mojito en revenant de faire du ski de fond cet après-midi. Laissez-moi vous dire que ça termine bien une journée.

Il m’a fallu du temps avant d’apprendre à faire un mojito qui me plaît vraiment. C’est un de ces cocktails que tout le monde fait de façon un peu différente et qui s’accommode de bien des variations. J’en ai déjà allongé un avec du soda au gingembre, par exemple, et c’était loin d’être mauvais.

Mais j’ai vraiment frappé le gros lot quand je me suis permis une audace : passer du ruhm blanc au rhum brun. Ça donne un cocktail un peu moins «gomme balloune», avec une saveur plus riche et davantage de profondeur. Cela dit, un mojito au rhum blanc, Ça se boit très bien aussi.

Sans plus tarder, voici ma recette…

Mojito

-1 ½ oz de ruhm brun ou blanc
-3/4 oz sirop de sucre ou trois cuillérées à thé de sucre
-La moitié d’une lime coupée en quartier
-Six ou sept feuilles de menthe
-Club soda


Mettre les quartiers de lime dans un grand verre avec le sirop de sucre et les écraser avec un pilon pour en extraire le jus. Ajouter les feuilles de menthe et les écraser légèrement. Ajouter le rhum puis emplir le verre de glace, idéalement pilée. Agiter avec une cuillère, puis compléter avec une petite dose de club soda. Agiter à nouveau, mais très légèrement. Puis servir en décorant d'une paille, d'une tige de menthe et d'une rondelle de lime.

Je préfère cette méthode parce j’aime bien avoir des quartiers de lime dans mon verre. On peut aussi tout simplement mettre ¾ d’onze de jus de lime dans le verre.

Il y a toute une controverse atout du mojito qui se résume à une question: faut-il oui ou non écraser la menthe. Chose certaine, si on le fait, il faut y aller mollo parce que sinon on risque de pulvériser les feuilles de menthe, ce qui en fait en sortir l’amertume.

Moi j’écrase parce que sinon je trouve que le cocktail n’est pas assez mentholé. Cet excellent barman utilise toutefois une méthode différente…

18.12.10

Arthur au théâtre


Pour la première fois, on a amené fiston Arthur au théâtre aujourd’hui. C’était au Hudson Village theater, pour ce que les Anglais appellent un «pantomine».

Un «panto», comme disent aussi les Anglais, c’est du théâtre échevelé s’adressant aux enfants, et un peu aussi à leurs parents, qui est une tradition britannique du temps des fêtes. Reprenant des histoires bien connues, les pièces sont de grosses farces incorporant tout ce qu’il y a de facile en humour. On chante des chansons pop en changeant les paroles. On fait des sous-entendus sexuels. On donne dans l’anachronisme. On demande à un homme de jouer un personnage féminin. Et on interagit avec les enfants dans la salle.

Je voulais voir un panto depuis que j’avais découvert que ça existait en regardant la télésérie Extras. Alors on a amené Arthur voir Aladdin même si la pièce était en anglais.

La question que fiston nous a posé plusieurs fois au sujet du spectacle : est-ce qu’il va y avoir une TV dans la salle? Parce que sinon, qu’est-ce qu’on allait regarder?

Quand les lumières de la salle se sont éteintes, fiston avait compris qu’il allait se passer quelque chose sur la scène et il était tout excité. Mais son excitation s’est changé en authentique terreur quand le méchant magicien Abanazer s’est présenté sur scène dans sa cape noire et s’est mis à crier qu’il voulait s’emparer de la lampe magique et devenir le maître du monde.

Il a fallu que ma blonde sorte de la salle pour le calmer. Et s’il a accepté à regagner son siège quelques minutes, il a passé tout le spectacle à avoir peur quand un méchant faisait son apparition ou que l’action devenait trop intense.

C’est une chose de voir des bons et des méchants se courir après et se battre sur un écran de télé. Ç’en est une autre de les avoir là, en face de nous, en chair et en os. Et c’est sans doute à cette différence que tient la puissance et la magie particulière du théâtre.

4.12.10

Lemon Drop


Je n’achète pas souvent de vodka parce que c’est un alcool qui m’ennuie un brin – comme tout ce qui est incolore et sans saveur. N'empêche, j’ai quand même un cocktail à la vodka favori: le Lemon Drop

Lemon Drop

-1 ½ oz de vodka
-3/4 oz de jus de citron
-3/4 oz de sirop de sucre

On met tous les ingrédients dans son shaker et on agite avec de la glace. Puis on sert dans un verre à cocktail au bord givré avec du sucre.


À l’origine, un Lemon Drop était un shooter de vodka accompagné d’un quartier de citron. Mais le nom s’applique maintenant à ce cocktail qui est tout simplement un vodka sour.

Servi glacial, le Lemon Drop ne manque pas de charme. C’est une dose massive d’alcool et de sucre qui monte directement au cerveau. Pas particulièrement sophistiqué, mais efficace.

Mad Men 2.07: The gold violin


J’ai envie de commencer ce texte en citant Ken Cosgrove et de voir où ça me mène:

“I saw one at the Met. It’s perfect in every way. Except it couldn’t make music.”

Ken parle d’un violon en or qu’il a vu dans un musée et qui lui a inspiré une nouvelle intitulée The Gold Violin qu’il décide de faire lire à Salvatore Romano, ce qui lui vaut une invitation à dîner chez Sal et sa femme Kitty. Durant cette visite, on a l’occasion de constater que le mariage de Sal est exactement comme le fameux violon en or: parfait en apparence mais essentiellement dysfonctionnel. Parce que Sal est homosexuel et s’intéresse bien plus à Ken qu’à sa femme. Et plus tard, tout ça prend une autre signification quand le mariage de Don Draper devient le vrai «violon en or» de l’épisode.

J’aurais vraiment aimé être là quand les auteurs de la série ont inventé tout ça. Parce que je relis mon long paragraphe et je me dis: comment on fait pour avoir d’aussi bonnes idées dramatiques? Qu’est-ce qu nous vient en premier? Et par quel espèce de miracle le «violon en or» a-t-il fait son apparition dans le scénario?

J’ai l’impression que tout est parti du «climax» de l’épisode: quand Jimmy Barrett lance un obus dans la jolie façade du mariage de Don Draper. Il s’agissait de mettre la table pour ce moment-là grâce la technique dramatique qui donne à Mad Men sa saveur particulière : utiliser la vie des personnages secondaires pour mettre en valeur celle du personnage principal. D’où, j’imagine, l’idée de revenir sur le mariage de Sal (via la carrière littéraire de Ken) précisément dans cet épisode.

Dans un épisode de la saison 4, en parlant du personnel de l’agence de pub, Peggy dit à Don: «we’re all here because of you». Au niveau scénaristique, je trouve que la phrase s’applique parfaitement personnages secondaires de Mad Men: ils sont là pour servir le développement du personnage principal.