22.5.09

Deux pour une

Deux gars qui cruisent en duo. C’est l’idée simple à la base de Charles et Ric, une série de sketchs que j’écris pour Les pieds dans la marge.

Avec quelques mois de recul, je viens de regarder à nouveau le premier épisode qu’on a fait sur le site de Radio-Canada et je n’ai pas eu honte. Ça se tient plutôt bien. Un des aspects qui fonctionnent le mieux, c’est le look des personnages. On dirait qu'ils viennent de s'échapper d’une télé-réalité. Et ça aide à expliquer leur «démarche amoureuse». En se présentant ensemble à un rendez-vous et en demandant à la fille de choisir entre eux deux, ils reproduisent dans la réalité une situation qu’on a vu souvent dans les émissions de télé-réalité.

Voici un autre épisode que je trouve moins réussi...



Ce n’est jamais facile de tourner un sketch crédible dans une salle de cinéma quand on n’a pas les moyens d’entourer ses acteurs de quelques figurants. Mais le vrai problème de cet épisode, c’est le texte. Je suis tombé en amour avec l’idée de jouer au «jeu du téléphone» avec les trois personnages et j’ai oublié de me poser une question cruciale: qu’est-ce que je veux dire avec ce sketch sur l’état actuel des relations gars-fille. Parce que c’est ça le vrai sujet de ces sketchs-là. Résultat: j’ai fait un texte riches en péripéties mais qui n’aboutit pas à grand-chose.

On continue à faire des Charles et Ric et j’ai l’impression qu’on s’améliore. On vient de terminer deux épisodes pour notre saison 4, qui sera diffusée à partir de janvier 2010, et j’ai déjà très hâte que du monde les voient. Ils sont mieux réussis, surtout parce que les textes sont plus courts et moins éparpillés.

Maintenant, quand j’écris un Charles et Ric, je me pose toujours la même question: quel aspect des relations gars-fille ma situation de base me permet-elle de pointer du doigt ? Par exemple, on vient de faire un épisode où Charles et Ric se mettent à deux pour dire «je t’aime» à une fille que seulement un des deux aime. Et ça devient une caricature de la difficulté qu’ont tous les gars à dire «je t’aime».

Manquez pas ça l’an prochain...

17.5.09

Musique...

Depuis quelques années, j’ai arrêté de consommer de la musique. Je n’achète presque jamais de CD et je n’ai jamais pris le virage iTunes.

La seule source musicale où je m’alimente encore, ce sont les téléséries que je regarde. D’abord, il y a les séries dans lesquelles il y a des chansons comme Dr Horrible's sing along blog et Flight of the Conchords. Des chansons comme celle-ci par exemple...



Ce qui me plaît là-dedans: c’est de la chanson au deuxième degré. De la parodie. La musique en général et le rock en particulier, c’est du kitch dans le sens «Milan Kundera» du terme. Kundera dit souvent que le kitch, c’est le contraire du rire et de l’humour. C’est se prendre au sérieux. C’est vouloir être pris au sérieux. Bref, c’est l’attitude grave et dramatique qu’affichent à peu près tous les rockeurs, même les plus rebelles.

Assister à un concert rock, c’est un peu comme aller à la messe. Il n’y a pas de place pour le détachement et le recul. C’est plutôt un moment d’adhésion et de communion intense. On s’en va là pour arrêter pendant quelques heures d’être un individu. Et c’est précisément pour ça que je ne fréquente plus les concerts rock.

En regardant la télé, j’ai aussi appris à aimer des chansons qui ne m’auraient jamais frappé mon imagination autrement. Je pense entre autres à Tea for the Tillerman, la courte chanson de Cat Stevens qui conclut tous les épisodes de la série Extras.



Mettre cette chanson-là à la fin d’une comédie comme Extras, c’est vraiment un coup de génie. Parce qu’il y a une langueur et une émotion dans cette série-là que la chanson vient parfaitement souligner.

11.5.09

Breaking Bad

Si j’aime beaucoup la télé, et si je travaille en télé depuis quelques années, c’est à cause de mon frère. C’est lui qui m’a fait découvrir la première télésérie qui m’a ouvert les yeux sur le potentiel créatif de la fiction à la télé: The X-Files.

On se souvient surtout de The X-Files pour ses extra-terrestres et sa manie des complots. Mais c’était aussi une série qui était parfois très drôle. Beaucoup d’épisodes étaient carrément des comédies et c’étaient mes préférés.

Deux auteurs qui ont travaillé sur The X-Files avaient un don particulier pour l’humour un brin tordu: Darrin Morgan et Vince Gilligan. Je ne sais pas trop ce qui est arrivé au premier, mais le second a réussi un grand coup en créant la télésérie Breaking Bad.

Breaking Bad raconte l’histoire d’un prof de chimie dépossédé de sa vie qui apprend qu’il va bientôt mourir d’un cancer du poumon. Alors il se met à produire du «crystal meth» pour amasser un magot pour sa famille.

C’est un drame teinté d’une bonne dose de comique. On reconnaît le sens de l’humour tordu de Vince Gilligan.

Mais ce qui m’a le plus frappé en regardant cette série-là, c’est à quel point elle est «visuelle». À ce niveau-là, la télé est en train de rattraper son retard sur le cinéma. Des séries comme Madmen et Breaking Bad n’ont absolument rien à envier au cinéma sur le plan visuel. Et je ne parle pas seulement de la qualité de l’image. Je parle aussi de faire avancer l’histoire avec de l’action et des éléments visuels plutôt que tout faire passer par les dialogues.

Breaking Bad possède entre autres un extraordinaire sens de l’accessoire et des objets en général. Je vais me souvenir longtemps des bobettes blanche et du tablier vert de son héros, par exemple.

Autre exemple: dans le premier épisode, un vilain tire cinq balles dans la porte d’un motorisé qui sert de laboratoire pour la fabrication de crystal meth. Durant toute la première saison, on revoit régulièrement ces trous et chaque fois on repense à comment ils sont apparus dans la porte. Ça aide à établir que dans l’univers de cette série-là, les événements ne sont pas vite oubliés. Ils laissent des traces permanentes tant dans le monde physique que chez les personnages.

Voici la toute première scène de la série. Ça donne une bonne idée de ce que je veux dire...

5.5.09

Oeuvre d’art

Quel est la plus belle œuvre d’art que nous a donné Internet jusqu’à maintenant ? Si je pose la question, c’est parce que ma réponse est toute prête. J’accorde mon vote à Where the hell is Matt?, version 2008



Ce vidéo est une authentique œuvre d’art parce qu’il dit avec force une chose à la fois très simple et très émouvante: on vit tous sur la même planète. Et ce message-là frappe particulièrement fort quand on est tout seul chez soi et qu’on tombe sur ce vidéo en naviguant sur Internet.

Ce que je trouve intéressant, comme scénariste, c’est que ce vidéo n’est pas du tout «narratif». Il ne raconte pas une histoire. En ce sens, il appartient davantage à la tradition des arts plastiques (comme la peinture) qu’à celle du cinéma.

Par contre, comme n’importe quel bon film, ce vidéo possède une courbe dramatique. Ça part tranquillement, puis il y a une montée quand s’enchaînent les séquences où des gens se joignent à Matt. Et tout le long, le choix des séquences est en parfait accord avec l’émotion suscitée par la musique.

Mon moment préféré, c’est quand Matt interrompt sa danse désordonnée pour faire quelques mouvements de danse indienne avec les danseuses qui l’entourent. Je suis au bord des larmes chaque fois que je vois ça. Et je serais bien en mal de vous expliquer pourquoi.

30.4.09

Ma grosse face à la télé

Quelqu’un a mis sur youtube un clip des Pieds dans la marge où je «figure» pendant deux ou trois secondes. C’est le fun parce que j’aime beaucoup ce moment de notre émission.



C’est tellement sympathique comme petit bout de film. Et c’est tellement bien réalisé. Je suis à l’aise de le dire parce que les spécialistes de l’humour sympathique et de la réalisation, c’est Mathieu, Félix et Jean-Sébastien. Mais j’ai beaucoup appris là-dessus avec eux – surtout au niveau de l’humour sympathique. Tiens, je me rappelle que j’ai pas mal contribué au texte de la chanson. Et il est très sympathique.

Il y a plusieurs idées que j’aime beaucoup dans cet extrait. L’entrevue surréaliste où on n’apprend pas du tout à connaître Nancy Busque. Les plans de Mathieu et du jeune Félix insérés dans la chanson. Jean-Sébastien qui joue un public en délire à lui tout seul. Et ma grosse face qui sort de nulle part.

Merci à Nancy Busque qui est vraiment excellente, en particulier dans l’entrevue. Et merci aussi aux Trois gars su’l sofa qui ont bien voulu se prêter au jeu.

28.4.09

Retour à l’école

J’ai passé la journée d’aujourd’hui à suivre une formation à l’INIS. C’était sur la webtélé et le «prof», Martin Lessard, nous a offert un très tour d’horizon de cette nouvelle forme de diffusion pour le contenu vidéo.

L’envie de suivre une formation me pogne une ou deux fois par année. C’est toujours lié à mon insécurité professionnelle. Pour moi, ce n’est pas seulement une façon d’apprendre des affaires. C’est aussi une occasion de réfléchir. Chaque fois, ce que raconte le prof m’inspire une grande quantité d’idées et de réflexions que je retrouve ensuite dans mes notes de cours. Écouter quelqu’un parler d’un sujet qu’on ne connaît pas trop, c’est stimulant pour le cerveau.

Aujourd’hui, par exemple, Martin Lessard a dit que pour avoir du succès avec un projet de webtélé, il fallait s’inspirer du bon vieux principe de La Poune: «j’aime mon public et mon public m’aime».

En pensant à La Poune, j’ai réalisé une chose: Internet est en train de ramener l’industrie du divertissement à l’époque d’avant les médias de masse. Lancer un site de webtélé comme Chez Jules, c’est un peu comme ouvrir un cabaret ou un théâtre burlesque à l’époque de Jacques Normand et d’Olivier Guimond. Le point commun, c’est le fractionnement de l’auditoire. À la télé, des millions de personnes voit le même «spectacle» au même moment. Sur Internet, par contre, il y a des centaines de «spectacles» à l’affiche et on va voir celui qu’on veut au moment où on veut.

Les cabarets et les théâtres des années 30 et 40 étaient des entreprises modestes animés par des artisans passionnées qui essayaient tout simplement de gagner leur vie. J’ai l’impression qu’on va revenir à ce modèle-là à mesure que l’industrie du divertissement va migrer sur Internet.

22.4.09

Mon kayak fait de la télé

Mon kayak jaune a fait ses débuts à la télé dans ce message de Paul Etychen, notre politicien obsédé par l'environnement.



On tourné ça sur le lac Saint-Louis, tout près de chez nous, sur l'île Perrot. C'est moi qui tirait sur la corde pour faire avancer le kayak.

15.4.09

Coup de chance

Ce jour-là, j’étais dans une boutique de DVD et je cherchais une télésérie à acheter. Complètement par hasard, je suis tombé sur The Wire, une série policière dont je n’avais jamais entendu parler.

Qu’est-ce qui m’a pris de l’acheter sans trop savoir de quoi il s’agissait? Bonne question. Peut-être que c’est le logo d’HBO qui m’a convaincu. Mais une chose est sûre: c’est le meilleur achat impulsif que j’ai fait dans ma vie. J’ai été conquis dès la première scène du premier épisode:



Les cinq saisons de The Wire sont un des chefs d’œuvre de la télévision moderne. Depuis quelques jours, j’essaie de me rappeler LA scène que j’ai préférée dans toutes ces heures de télé. J’ai fini par arrêter mon choix sur l’explication du jeu d’échec livré par D’Angelo dans le troisième épisode de la première saison:

7.4.09

Traitement choc

Depuis quelques jours, je suis complètement immergé dans le monde de In Treatment, une série télé qui ne ressemble à aucune autre.

Comme je regarde la première saison sur DVD et le début de la deuxième saison sur HBO Canada, c’est assez intense comme expérience.

Cette série-là est originale en raison de son format. Le personnage principal est un psychothérapeute (interprété par Gabriel Byrne) et on suit son travail avec quatre clients qui lui rendent visite à son bureau une fois par semaine. Le psychothérapeute a aussi sa «psy» à qui il rend visite à la fin de la semaine.

Bref, chaque épisode est une session de thérapie et un huis clos entre deux ou trois acteurs. Ça donne de la télé très dépouillée. Il ne se passe à peu près rien. Il n’y a presque pas de musique. Le montage est discret. Et pourtant, c’est captivant.

Épisode après épisode, on assiste à de bonnes vieilles conversations pleines de révélations, de rebondissements et d’observations sur la condition humaine.

Épisode après épisode, on assiste aussi à d’incroyables performances d’acteurs. Gabriel Byrne mérite un coup de chapeau parce qu’il est dans toutes les scènes et qu’il passe beaucoup de temps à «écouter» – ce qui n’est jamais facile.

Ce que j’aime particulièrement, c’est le grand calme qui règne dans le bureau du psy. Tout ce qu’on entend, c’est le chant des oiseaux et une auto qui passe de temps en temps dans la rue. Je trouve ça tellement reposant que j’ai hâte de me retrouver dans cette ambiance-là.

Comme Madmen et The Wire, In Treatment est une série que j’adore mais que j’hésite à recommander aux gens de mon entourage. Ce n’est pas de la télé accessible comme 24, Lost ou Les hauts et les bas de Sophie Paquin. La grande différence, c’est la quantité de péripéties. Dans les séries plus difficiles, il ne se passe pas grand-chose... du moins en surface. Mais quand il se passe finalement quelque chose, l’impact est plus fort tant sur les personnages que sur le téléspectateur. Pour aimer ce genre de série, il faut être attentif et patients.

3.4.09

Jeu drôle

En lisant sur Doctor Horrible’s sing-along blog, j’ai découvert l’existence de The Guild, une autre websérie que je viens de dévorer en deux jours. C’est une comédie portant sur un groupe de gamers qui passent absolument tout leur temps à jouer à un jeu de rôle. Le premier épisode donne une bonne idée de l'ensemble...



Je trouve que c'est de la webtélé exemplaire. Les épisodes durent moins de cinq minutes et ont tous une fin accrocheuse. Quand on finit d’en regarder un, on veut tout de suite voir le suivant. La réalisation est sobre et laisse toute la place au jeu des acteurs qui est excellent.

Même s’il y a beaucoup de gags basés sur la culture des gamers, on n’a pas besoin d’en être un pour rire et comprendre ce qui se passe.

En plus de briller dans le rôle principal, Felicia Day écrit tous les épisodes. Cette fille-là a vraiment du talent.