3.12.06

L’opium du peuple

«La misère religieuse est tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Elle est l’opium du peuple»

-Karl Marx dans Critique de la philosophie politique de Hegel, publié en 1843.

Voilà d’où vient la fameuse maxime «La religion est l’opium du peuple». On remarquera que Marx lui-même n'a accouché de la «formule choc». Comme c’est souvent le cas avec les citations célèbres, c’est un travail collectif d'édition qui a produit la «phrase punchée» que tout le monde connaît.

Si j’étais Marx, je m’en voudrais d’avoir utiliser l’expression «opium du peuple» parce qu’elle contredit son idée centrale. Ce que dit Marx, c’est que la religion est «secretée naturellement» par le corps social en réaction à la misère, à la souffrance et à l’injustice.

À l’inverse, l’image de l’opium introduit la notion que la religion une «substance étrangère» qu’on administre au peuple pour l’anesthésier. Et c’est comme ça qu’une idée riche et complexe devient une idée simpliste de type «théorie du complot».

Aucun commentaire: