22.12.07

Des gardiens fleurdelisés

Mes récentes vacances à Québec ont ravivé ma nostalgie au sujet des Nordiques. Je vais passer ça en vous parlant des gardiens de buts qui ont porté l’uniforme fleurdelisé. Vingt-trois gardiens ont défendu la cage des Nordiques durant leurs 16 saisons dans la Ligue Nationale. Je vais parler de ceux qui m’inspirent.


Le martyr: Ron Tugnutt

153 PJ, 35-83-19, 4,08 avec les Nordiques

Je me souviens d’avoir regardé à la télé le fameux match durant lequel Ron Tugnutt a fait face à 73 lancers. C’était le 21 mars 1991 contre les Bruins. Le match s’est terminé sur un verdict de 3-3. Pas besoin de vous dire que Tugnutt a joué le match de sa vie…

70 arrêts dans un match sans subir la défaite, c’est un record de la LNH. Qui va sûrement tenir pour l'éternité...

Je me souviens qu’à la fin de la prolongation, Raymond Bourque a décoché un tir imparable… que Tugnutt a quand même réussi à arrêter. Par la suite, Bourque l’a félicité en tapant sur ses jambières avec son bâton. Ça mettait un point final à un match exceptionnel.

Ron Tugnutt a vécu la période la plus noire des Nordiques. Il a succédé à Mario Gosselin comme gardien numéro 1 des Fleurdelisés en 89-90. Cette année-là, les Nordiques ont employé SEPT gardiens différents : Tugnutt, Greg Millen, Scott Gordon, Sergei Mylnikov, Stéphane Fiset, Mario Brunetta et John Tanner. Tout ce monde-là a accordé 407 buts pour une moyenne collective de 5,07. Les Nordiques ont terminé la saison avec 12 victoires, 61 défaites et 7 matchs nuls. Tugnutt a joué 35 matchs et mené l’équipe pour les victoires avec… cinq.

La saison suivante, Tugnutt a joué dans 56 matchs et remporté 12 victoires. Les Nordiques ont «progressé» en gagnant 16 matchs.

En 91-92, Tugnutt a été une fois de plus le gardien le plus occupé des Nordiques. Il a joué dans 30 matchs et remporté 6 victoires avant d’être échangé aux Oilers en mars. Les Nordiques ont continué de «progresser» en gagnant 20 matchs.

La saison suivante, grâce à l’échange d’Éric Lindros, les Nordiques ont opéré un redressement spectaculaire en compilant une fiche de 47-27-10. Malheureusement pour lui, Tugnutt n’était plus là pour en profiter.


Le prince héritier: Mario Gosselin

193 PJ, 79-82-12, 3,67 avec les Nordiques
29 PJ, 16-13, 3,29 en séries

Quand Mario Gosselin est revenu des jeux olympiques de Sarjevo pour endosser l’uniforme fleurdelisé, tout le monde était convaincu qu’il allait être le gardien numéro 1 des Nordiques pour de nombreuses années. Il avait brillé chez les juniors et avec l’équipe canadienne aux Olympiques. C’était le candidat parfait pour succéder à Daniel Bouchard.

Malheureusement, ça ne s’est pas produit. Gosselin ne s’est jamais imposé comme numéro 1. Michel Bergeron a passé quelques années à alterner entre lui et Clint Malarchuk.

Gosselin a quand même connu de bons moments avec les Nordiques. À son retour des olympiques en 1984, il a blanchi les Blues de Saint-Louis à son premier match dans la LNH.

La saison suivante, il a été le gardien numéro 1 des Nordiques. Il a joué 36 matchs et remporté 19 victoires. Il a surtout disputé 17 matchs en séries, conduisant les Nordiques à deux victoires d’une participation à la finale de la Coupe Stanley. C’est lui qui «goalait» quand les Nordiques ont éliminé les Canadiens en deuxième ronde sur un but de Peter Stastny en prolongation dans le septième match de la série. Ça reste l’exploit de sa carrière. Et il aurait peut-être pu gagner le titre de recrue de l’année si un certain Mario Lemieux n’avait pas commencé sa carrière cette année-là.

La saison d’après, Gosselin a perdu son poste de numéro 1 au profit de Clint Malarchuck, mais il est quand même devenu le seul gardien des Nordiques à participer au match des étoiles.

Gosselin a repris le poste de numéro 1 à la fin de la saison 86-87 et a joué un rôle important dans la victoire des Nordiques contre les Whalers en première ronde des séries. Et c’était lui qui était devant le filet fleurdelisé quand Kerry Fraser a refusé le fameux but d’Alain Côté contre les Canadiens.


Le plus obscur: Brian Ford

3 PJ, 1-1-0, 6,34 avec les Nordiques

Brian Ford a joué trois matchs avec les Nordiques durant la saison 83-84. Je n’ai absolument aucun souvenir de lui. C’est peut-être mieux ainsi. En 123 minutes, Ford a accordé 13 buts pour un moyenne de 6,34. Il a fait face à 70 lancers, ce qui lui donne une moyenne d’efficacité de .814. Ayoye…

Le plus étonnant, c’est qu’il a quand même remporté une victoire.

Ford a refait surface dans la Ligue Nationale avec les Penguins la saison suivante. Il a disputé 8 matchs et compilé une moyenne de… 6,30. Je pense qu’on peut conclure qu’il n’était pas du calibre de la LNH.

Ford a passé 8 saisons dans le hockey professionnel, principalement dans la Ligue Américaine. Il est né à Edmonton, mesurait 5 pieds 10 et pesait 170 livres. À l’heure actuelle, il est président du comité des anciens joueurs de l’Express de Fredericton, la défunte filiale des Nordiques. C’est tout ce que je sais à son sujet.


Le premier: Michel Dion

62 PJ, 15-33-9, 4,02 avec les Nordiques

Je n’ai qu’un seul souvenir de Michel Dion et c’est le même que tout monde. La fois où, frustré par ce qui se passait sur la patinoire, il a abandonné son filet au beau milieu d’un match et sacré so camp au vestiaire.

Ça s’est passé le 10 décembre 1980 au Colisée de Québec, dans un match contre les Bruins. C'était la deuxième saison des Nordiques dans la Ligue Nationale. Dion et les Nordiques connaissaient un début de saison très difficile malgré l’addition des frères Peter et Anton Stastny durant l’été. C’est Michel Bergeron qui dirigeait les Nordiques et il a déclaré après la rencontre qu’il ne voulait plus jamais voir Dion devant le filet de son équipe. Dion n’a disputé qu’un seul autre match avec les Nordiques avant d’être expédié à Winnipeg.

Michel Dion n’a pas été le premier gardien à défendre la cage des Nordiques dans la Ligue Nationale. Cet honneur appartient à Goran Hogosta, un gardien suédois qui a joué 21 matchs avec les Nordiques durant leur première saison, en 79-80. Il a disparu de la carte par la suite.

C'est Michel Dion qui s’est imposé comme premier gardien numéro 1 de l'équipe cette année-là. Il a disputé 50 matchs et maintenu une moyenne de 3,70. C’est lui qui était devant le filet des Fleurdelisés lors du premier duel Canadien-Nordiques le 13 octobre 1979. Le Canadien a gagné ce match-là 3 à 1. Son vis-à-vis était Denis Herron.

C’est encore lui qui «goalait» quand les Nordiques ont battu le Canadien pour la première fois, le 28 octobre 1979. Cette fois, son vis-à-vis était Michel Laroque. Les Nordiques ont gagné 5-4.

Dion a été un des grandes vedettes de la première édition des Nordiques, mais tout s’est effondré pour lui au début de la saison suivante. Sa désertion contre les Bruins n’a pas mis fin à sa carrière. Il a joué 62 matchs et remporté 25 victoires dès la saison suivante avec les Penguins de Pittsburgh.


Le meilleur: Daniel Bouchard

225 PJ, 107-79-36, 3,59 avec les Nordiques
30 PJ, 12-18, 3,32 en séries

C’est quand Daniel Bouchard est arrivé avec les Nordiques que l’équipe a pris son envol. Acquis des Flames de Calgary en retour de Jamie Hislop le 30 janvier 1981, il a remporté 19 victoires en 29 départs et conduit l’équipe à sa première participation aux éliminatoires. Les Nordiques en était alors à leur deuxième saison.

La saison suivante, c’est lui qui était devant le filet quand les Nordiques ont mis le feu à la province en sortant les Canadiens en première ronde des séries. C’est sûrement le plus grand moment de sa carrière. Il a été la grande vedette du match décisif, gagné en prolongation par les Nordiques grâce à un but de Dale Hunter. Les Canadiens ont décoché 35 lancers dans cette partie contre seulement 19 pour les Nordiques.

Je me rappelle qu’il était blessé pendant la ronde suivante alors que les Nordiques ont éliminé les Bruins. Son auxiliaire, John Garrett, a joué cinq matchs dans cette série et remporté trois victoires.

Bouchard a été le gardien numéro 1 de l’équipe pendant quatre saisons. C’est lui qui a joué le plus de matchs devant le filet des Nordiques.

Comme on le voit sur la photo, il était un des rares gardiens des années 80 à employer le style papillon, sauf qu’il ne l’utilisait pas de façon systématique.

C’était aussi un drôle de gars qui parlait de sa foi en Dieu et qui avait tendance à perdre son sang-froid sur la glace. Comme beaucoup de gardien, c'était un original avec beaucoup de personnalité.

1 commentaire:

Unknown a dit...

Article très instructif, merci! Moi, le gardien dont je me souviens le plus des Nordiques : Ron Hextall!! Je l'ai vu une seule fois live au Colisée, les Nordiques s'étaient inclinés (ok, effoirés) 8-3 contre le CH et Hextall avait sauté une coche à presque tous les buts!