7.11.06

J'ai vu Babel

La prémisse de Babel est fantastique. Un incident au milieu du désert au Maroc qui a des répercussions un peu partout sur la planète, c’est une idée géniale. Et comme Alejandro González Inárritu est un de ces cinéastes capables de rendre excitant et touchant n’importe quoi, même une partie de bingo, on aurait pu avoir un chef d’œuvre.

Malheureusement, ce n’est pas le cas. Le gros problème que j’ai avec le film, c’est sa structure non chronologique. Quand on fait un film sur un incident au milieu du désert au Maroc qui a des répercussions un peu partout sur la planète, il me semble qu’il faut d’abord montrer l’incident et ensuite ses conséquences DANS L’ORDRE OÙ ELLES SE PRODUISENT.

Pour faire ça, il faut travailler fort pour construire un récit à la fois logique et excitant à suivre lorsque présenté dans l’ordre chronologique. Inárritu et son scénariste Guillermo Arriaga ont plutôt pris un raccourci. Présenté chronologiquement, leur récit ne produirait pas l’effet de télescopage et de «on-se-promène-aux-quatre-coins-du-monde » qu’ils voulaient générer. Pour obtenir cet effet, ils ont donc «triché» en présentant les événements dans un ordre totalement arbitraire. Résultat: on sent la présence du bon vieux «gars de vues». On flaire le procédé cinématographique et ça gâche la magie.

Le film s’appelle Babel parce qu’il essaie de montrer à une échelle individuelle le chaos planétaire dans lequel on vit. Mais pour que la démonstration soit convaincante, il me semble que le chaos vu dans le film doit être 100% naturel. Pas créé en partie par un tour de passe-passe chronologique.

Cela dit, le film fonctionne bien pendant les deux tiers de sa durée. C’est dans son dernier tiers que j’ai commencé à trouver le temps long et me poser des questions. Prises individuellement, les trois trames formant le film sont intéressantes – même que celle se déroulant au Japon est absolument fascinante. Bref, dans ce cas-ci, la somme des parties est moins intéressantes que les parties considérées individuellement.

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