Les vrais villages abandonnés sont rarement aussi spectaculaires que ceux du cinéma. Celui de Godmanchester, à quelques kilomètres au sud de Saint-Anicet, ne comporte qu’une seule structure clairement visible: les ruines d’une église protestante construite en 1851, juste au moment où le village amorçait le déclin qui allait conduire à son abandon. Le reste se résume à des fondations et à des talus qui excitent considérablement les archéologues, mais le profane a bien du mal à s’imaginer que les berges de la rivière La Guerre ont déjà abrité un hameau d’une centaine d’habitants.
Fondé en 1820 par Alexander McBain, un entrepreneur d'origine écossaise qui s’était lancé dans l’exploitation forestière, le village de Godmanchester a été pendant un temps le principal centre d’activité de la région, avant de s’éteindre peu à peu à partir de 1850. D’abord à cause de l’épuisement de la ressource forestière, mais aussi en raison de deux facteurs échappant complètement au contrôle de ses habitants
En 1849, la construction du vieux canal Beauharnois et l’édification de barrages à l’extrémité est du Lac Saint-François fontt monter le niveau des eaux du lac et de la rivière La Guerre. Une partie du village de Godmanchester se retrouve alors inondé.
À la même époque, l’utilisation des bateaux à vapeur pour la navigation commerciale se généralise dans cette partie du Saint-Laurent. Les vapeurs remplacent les «bateaux Durham», d’étroites barges d’une longueur de soixante pieds propulsées à voile et à force de bras. En raison de leurs petites dimensions et de leur faible tirant d’eau, ces bateaux capables de transporter douze tonnes de marchandises arrivaient à remonter la rivière La Guerre sur une distance de quatre kilomètres pour approvisionner le village de Godmanchester. Ce n’est pas le cas des navires à vapeur pour qui on construit bientôt un nouveau quai près de l’embouchure de la rivière – quai qui allait donner naissance au village de Saint-Anicet.
Le village abandonné de Godmanchester est situé sur le chemin de la rivière La Guerre à un environ un kilomètre à l’ouest de l’intersection entre celui-ci et la montée Quesnel. Les ruines de l’église sont clairement visibles de la route. L’église est entourée d’un cimetière dont les pierres tombales sont disposées sans aucun ordre apparent, ce qui trahit les origines écossaises des fondateurs du village. Les restes du hameau se trouvent sur les terres d’une ferme, mais l’accès se fait sans problème. La maison de cette ferme faisait d’ailleurs partie de la bourgade. Elle a été construite en 1837 par John McDonald, qui était devenu «maître» du village après la mort accidentelle d’Alexander McBain.
3 commentaires:
Je voulais connaître l'histoire de cette église. Merci pour cette leçon d'histoire.
C'est vraiment un endroit génial pour prendre des photographies (http://www.larryaubstore.info/blog)
Je suis allé tourner des images cette semaine pour une vidéo. Je me suis entretenu avec le propriétaire de la terre, M. Irving, pour lui demander la permission de m'y aventurer (même s'il y a droit de passage, c'est la moindre des choses). Il m'a raconté un peu l'histoire de la petite église depuis que sa famille cultive la terre, en 1917.
J'entends beaucoup de rumeurs sur un mythe du presbytère à coté... On raconte qu'un homme aurait tué sa famille avant de s'enlever la vie... Serriez vous en mesure de savoir si le tout est vrai?
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